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Juste avant le départ de la Transe Gaule 2016, au pied du phare de Roscoff |
C'est à l'heure ou se termine cette extraordinaire aventure qu'est la Transe Gaule que je décide de revenir brièvement sur mes pas.
Après 9 étapes j'ai jeté l'éponge. Du moins, pour être précis, à la 10ème étape. Au bout de 23 kilomètres.
Avant tous propos concernant mon nombril il est évident que je dois m'étendre aussi, en tout bien tout honneur, sur les nombrils du chef d'orchestre fédérateur et des bénévoles.
Ils sont tout simplement exceptionnels et leur dévouement est remarquable. Mais je m'abstiendrais de multiplier les qualificatifs élogieux.
Ils sont perpétuellement aux petits soins et savent exactement ce que représentent des efforts de 5 à 14 heures multiplié par 19...
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En compagnie de David Le Broch vainqueur ultra sympathique de cette Transe Gaule 2016 |
Il me faut aussi revenir sur ces galopins qui ont connu des fortunes diverses sur cette Transe Gaule mais qui, finisher ou pas, ont toujours été respectueux des uns et des autres malgré les heures passées sur la route et la fatigue que cela engendre. Des amitiés se sont nouées. L'effort "rustique" les a solidifié.
Maintenant, me concernant, je vais dire que le verre est à moitié plein.
Certes, j'ai abandonné alors que cette course était pour moi le rêve absolu dans le monde de la course à pied.
Mais le rêve n'empêche pas d'avoir les pieds sur terre. D'ailleurs, c'est le pied gauche qui m'a rappelé au terme de la 9ème étape que j'avais les pieds sur terre.
J'ai ainsi eu la chance de partager cet immense "plaisir" que connaisse foultitude de coureurs d'ultra par étapes : le syndrome des releveurs. Le genre de poison qui peu vous faire courir à reculons durant des kilomètres quand la douleur est insupportable et qui transforme pied et cheville en panard d'éléphant.
Dans mon "malheur" ce syndrome était relativement atténué comparé à d'autres compagnons de galère...
Il ne m'a jamais empêché de courir. Certes, pas vite du tout quand le mal a commencé à se manifester durant la 9ème étape. Mais je n'étais pas obligé de multiplié les stratégies pour éviter de souffrir comme d'autres peuvent le faire.
Cependant, sans m'en rendre compte, j'ai compensé en sur-utilisant la partie droite de mon corps et en l’occurrence la hanche droite.
Ainsi, le lendemain, dès le départ de la 10ème étape, alors que le releveur gauche était modérément algique et ne m'empêchait pas de maintenir un solide 10km/h, la hanche droite s'est de suite manifestée. Pincement crucifiant, sensation violente de prise en étau ... j'ai senti très vite que ça n'allait pas le faire.
Même en marchant la douleur me chatouillait.Modestement, certes, mais elle ne me quittait pas. J'ai versé ma petite larme et puis très vite je me suis en mode "réflexion".
Inutile de ruminer ou de s'abstenir de raisonner et de continuer comme si de rien n'était.
J'étais blessé. Point barre. Il restait encore les 40 kilomètres de cette étape + les 540 des 9 autres étapes...
Continuer et aggraver la blessure n'était pas, pour moi, un choix acceptable. Surtout que je sentais bien qu'au fil des hectomètres la corde se tendait...
J'aurais pu marcher. Comme d'autres le font. Et espérer que le mal s'évapore. Mais mon choix, dès le départ de la Transe Gaule, était de courir non-stop. Je ne me voyais pas du tout marcher durant 12 heures. Je n'étais pas venu pour ça.
Au 23 ème km j'ai donc mis les clignotants et regagné la voiture que conduisait ma compagne et dans laquelle se trouvait ma petite Violette.
Cette dernière me crucifia avec une réflexion dont seuls les enfants ont le secret :" Je n'aurais pas mes coquillages si tu vas pas à Gruissan" (et le tout enrobé de larmes coulant sur ses joues)...
J'étais à deux doigts de repartir tellement les quelques mots de mon ...adorable...fille m'avaient vexés...
Mais non, il était hors de question que j’enchaîne les kilomètres blessés au risque d'intensifier la douleur et les symptômes, de me mettre "hors-jeu" durant plusieurs semaines, mois, années et/ou de me retrouver au pire sur une table d'opération et/ou de traîner pour le restant de mes jours des douleurs m’empêchant de me mouvoir normalement.
Il faut bosser en maison de retraite pour comprendre ce que je veux souligner...
Passons à la rubrique "analyse".
Asseyez-vous monsieur Bailly-Salins.
Alors, il est évident que cette blessure résulte d'un faux pas de ma part à un moment donné de la course. Je suis arrivé sur la Transe Gaule avec, à mon avis, une excellente préparation et sans fatigue à la veille du départ.
Revisionnons sommairement les 10 jours :
Les 2 premières étapes sont courues très en-dedans. Sans forcer. Je suis malgré cela 2ème du classement général mais déjà très loin de David (Le Broch - vainqueur de cette édition 2016 de la TG)
A partir de la 3ème étape je commence à voir les choses autrement.
Pour cette 3ème étape j'accélère quelque peu l'allure mais par un moment d’inattention de ma part, je me trompe de route et me rajoute 7km en plus des 75km !. Alors que j'étais encore 2nd de l'étape et que je revenais sur David, me revoilà soudainement, à cause de cette erreur, relégué à la 4ème place.
Autant je ne me suis pas affolé lorsque je me suis rendu compte que je m'étais tromper de chemin, autant j'ai "exagéré" dans ma remontée sur les 2 coureurs qui m'étaient passés devant. J'ai effectué un retour bien trop rapide sur ces derniers et je me suis obstiné à vouloir terminé second. Alors que cela n'allait quasiment rien me "rapporter" puisque Patrick et Jean-Louis terminerons à moins de 2 minutes de moi...
82 km avec les 15 derniers qui vont crescendo au niveau de la vitesse pouvaient laissés des traces pour les jours suivant...
Le lendemain, certainement un peu vexé par ce qui m'était arrivé, je me retrouve de suite en tête. Je ne semble pas pâtir de mes erreurs de rallongement de parcours et "d'empressement" de la veille.
Je trouve un rythme qui me convient et la FC reste dans les bornes fixées. sauf à la fin, ou décidément, j'ai un peu de mal à me contrôler. Trop rapide. Surtout pour la chaleur qu'il fait.
Le lendemain bis répétita. Je gagne l'étape non sans avoir batailler avec David sur la fin de l'étape.
J'ai donc encore accéléré sur la fin de l'étape...
L'étape 6 ne sera pas du tout facile pour moi. Dans le dur dès le départ, je sais que je vais passer une sale journée. Confirmation à l'issue de cette 6ème étape. Je suis fatigué. Je termine tout de même second.
L'étape 7 est celle de mon anniversaire ! J'espère en secret que personne ne viendra batailler "contre" moi et que je serais le premier sous la banderole. Surtout après l'étape de la veille durant laquelle j'ai quelque peu ramé...Et d'autant plus que ma compagne et ma fille m'attendront à l'arrivée.
Manque de pot, c'est le jour ou Patrick (Poivet) décide de passer à l'attaque !. La chiotte !
Obligé de vraiment me rentrer dedans. Ce jour là, on va pas amuser la galerie mais on aura eu le temps de tisser des liens très forts. Patrick est un super gars.
Malheureusement, je pense que c'est à ce moment là que vont réellement commencés les soucis. Ce jour là je suis allé "trop vite-trop fort" , 11,9km/h alors que 11,5km/h ne m'aurais pas emmener vers des rives dangereuses... Tourner à 14km/h sur le plat durant quelques kilomètres sur une 7ème étape alors que durant la 6ème étape j'étais "défraichi" ne pouvait que laisser des stigmates sur ma récupération musculaire.
Bingo ! Le lendemain, étape 8, le releveur gauche me chatouille. C'est léger. Mais la tension est là.
Merdouille !
Il y a tellement de "légendes" autour de ce symptôme que rien de prononcer son nom, on fait dans sa culotte.
Mouarf.
Toujours est-il que je vais devoir composer avec en espérant ne pas accentuer le problème sous peine de retourner à la niche.
Je laisse donc filer lors de cette 8ème étape. David, Patrick et surtout Jean-Louis s'échappent. je pense ne jamais les revoir avant l'arrivée.
De manière inattendue je vais terminer 2nd de l'étape ! ? ! ?
A 11,16km/h pour 63km.
Avec le recul, il est certain que j'aurais du plutôt tourner à 10,5km/h...peut-être même 10km/h afin de ne pas amplifier le problème au releveur.
Arrive donc cette 9ème étape.
Départ de Saint Supplice l’Écueil comme je me suis amusé à nommer cette bourgade... (en fait Saint Sulpice-les-Feuilles).
Le scénario qui était prévisible se met effectivement en place. Le releveur est bien enflé ainsi que le pied. Mais dans mon malheur j'arrive à courir tout doucement sans déclencher de vives douleurs. 69km à 10km/h et 4ème de l'étape.
Le lendemain, 10ème étape. Vous connaissez maintenant la suite. La hanche me faisait faire la tanche...
Je n'ai donc jamais vu Bourganeuf...
Conclusion définitive.
Je serais clément avec moi-même. Je fais ce que je veux. C'est mon blog. Mouarf.
Déjà, je n'avais jamais couru de courses à étapes contrairement aux 11 premiers du classement général (Jean-Louis Vidal ayant couru la Pi de Trace de Saint Jacques au mois d'Avril).
Obligatoirement, quand on est novice, on aborde avec plus de "naïveté" la Transe Gaule. On accumule les erreurs, les imprécisions, etc.., on gère l'effort avec moins de finesse, réalisme et rigueur.
Ainsi, à titre d'exemple, alors que je pensais avoir "fait tout bien" afin d'éviter les soucis des releveurs (laçage "large", etc...) Jean-Benoit Jaouen me fit remarquer à l'issue de la 8ème étape que ma chaussette gauche comprimait bien trop fortement mon releveur gauche, celui là même qui me chatouillait, et donc que je devais la couper afin de supprimer cette compression. Mais le mal était fait...
Ensuite, je pense que lorsque l'on se situe à la 2nde place du classement général on est plus facilement tenté de se rentrer dedans afin de la conserver ou "mieux", d'essayer de s'approcher de la 1ère place. On joue donc avec le feu.
Je pense que si j'avais été plus loin au classement général j'aurais été moins présomptueux...
Mais j'ai joué. J'ai perdu. C'est le jeu ma pov' Lucette.
Mais ce n'est que partie remise.
J'ai déjà en tête pour 2017 une autre course à étape...
Sur route mais dans les alpages...