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mercredi 20 avril 2011

Marathon d'Annecy 2011 : 2h45'53 !!!

Voilà, je viens de courir mon 5ème marathon.


Petit historique :
  1. Ma 1ère confrontation avec la distance mythique date de 2002 à Lyon. Ce jour là, il faisait 30° !. Une vraie fournaise. Mais je m'en étais pas mal sorti avec un chrono de 3h00'01. Bizarrement, pour un effort que je considérais comme un « monument », je ne m'étais pas laissé submergé par l'émotion de courir une telle épreuve. J'avais été très sérieux dans la gestion de ma course et pas du tout dans le rôle du « contemplatif », comme il m'arrive d'être souvent....à l'insu de mon plein gré comme dirait l'autre.Une course vécue dans une relative facilité.
  2. En 2003, Lyon à nouveau avec une météo quasi idéale et un chrono de 2h47'12. Pas de grosse « claque » mais un petit coup de mou sur la toute fin de course.
  3. 2004 : marathon de Lausanne sur un parcours tout en faux-plat, comme de la tôle ondulée et donc une allure difficile à trouver, une température trop généreuse et un bon éclat en pleine face pour un chrono de 2h49'07. Je finit sur le carreau : chocolat. Normal, je suis en Suisse.
  4. 2010, le Retour. Et re Marathon de Lyon. Mais plus rien à voir avec les 2 courus précédemment. Une journée merdique tant au niveau de l'organisation de la course que de la météo (vent en rafale et chaleur). Résultat : 2h56 avec une fin de course très difficile mais aussi, si je m'en souviens bien, une gestion de course très limite au niveau de l'hydratation. Mais une 11ème place sur un Marathon International avec des milliers de participants, c'est assez drôle pour que cela soit souligné !
  5. 2011 : Marathon d'Annecy. 3ème objectif de l'année.


Résumé de ce début d'année 2011 :
¤ Ma première cible était de « bien me comporter » dans les cross. Objectif réussi avec une 9ème place aux départementaux mais à cause du boulot je ne peux me rendre aux régionaux. SNIF !
¤ Le deuxième objectif était de descendre à nouveau sous les 36' sur un 10 bornes début mars . Chrono que je n'avais plus réalisé depuis...2006 !. Objectif atteint avec un temps taquin de 35'59 !. Ouf ! Mais j'ai eu chaud...
A cet instant là c'est un 20/20 au niveau des résultats avec un « volume-kilométrage » à minima.
L'idée générale pour l'année 2011 est de « commencer à faire bien avec peu pour tenir la distance et aller le plus loin possible ». Car le but final c'est de passer sous les 8 heures sur les 100km de Theillay en aout et accessoirement atteindre les 200km lors des 24 heures de Grenoble en octobre. Je veux absolument avoir de la « fraicheur » et de l'envie d'en découdre...
Et donc, à l'issue de cette première phase dédiée au court, se pointe la silhouette majestueuse du Marathon.
Je démarre relativement confiant : mes 2 premiers objectifs sont dans la poche et surtout je vais entamer les premières séances avec beaucoup de fraîcheur mentale et physique. Je n'ai pas jusqu'à présent puisé dans les réserves.

La préparation du Marathon d'Annecy 2011
 Priorité au qualitatif : tel va être ma ligne de conduite principale.
A vrai dire, j'ai été très intéressé et inspiré par l'approche de Ludovic de l'US Marquette http://serialkiller.canalblog.com/ qui lors de ces préparations marathon n'a presque pas couru un seul footing mais à privilégié le qualitatif (surtout l'allure marathon).

Personnellement, je vais plutôt « m'astreindre » à balayer toutes les allures supérieurs à 80% de VMA.

Aussi, je commence cette préparation marathon avec des (mes) « lois » qui vont guidées les 8 semaines d'entrainements :
  1. Travaillé par « bloc choc » de 2 à 4 jours le plus souvent possible histoire d'être en configuration « fatigue-fin-de-marathon » lors de chaque dernières séances chocs des blocs.
  2. Ne pas « enfiler » les bornes ni multiplier les sorties longues.
  3. Ne pas courir de kilomètres « vides ».
  4. En conséquence me concentrer sur des kilomètres « utiles » avec séances VMA-Allure Spécifique : 10km-15km-Semi-Marathon.
  5. Privilégier le travail sur piste hitoire d'être totalement réglo avec les allures et pas faire de l'à peu près.
  6. Si signes de grosse fatigue ou explosion utiliser impérativement sport porté (VTT) dans les jours qui suivent. Durant la semaine d'assimilation favoriser aussi sport porté.
  7. Sortie longue maxi de 2h30.
  8. Terminer chaque sortie longue par une fraction d'allure marathon.
  9. Une séance de vma courte/moyenne par semaine.
  10. Si possibilité privilégier les séances matinales.
  11. Surveiller son alimentation : les jours ou je ne travaille pas limiter l'apport calorique (surtout le matin !).
  12. Impérativement soigner l'alimentation post-entrainement (fenêtre métabolique → glucides/protéines).
Si j'insiste ainsi dans ce CR sur la préparation, c'est parce que ce sont ces heures d'entrainements qui in fine conditionnent la réussite ou pas du marathon.


Quelques chiffres :


  1. Sur les 35 séances (sans le marathon) réalisées en CàP lors de cette préparation seules 3 séances ont été dédiées à de « l'endurance basique ». Les 32 autres sessions ont été courues à vitesse égale ou supérieure à l'allure marathon (il va sans dire que de l'allure « endurance basique » précédait chaque sortie à allure spécifique).
  2. Sur les 8 semaines de préparation (du 21 février au 17 avril) j'ai couvert 537,6km (marathon compris). 495,405km sans le marathon. Avec une semaine à 41,4km pour le « minima kilomètrage » et 94km pour la semaine la plus chargée, j'ai une moyenne de 67,2km par semaine (marathon compris). Cela donne une moyenne de 15,36km/séance (en prenant en compte les kilomètres du marathon). Si je supprime le marathon dans le calcul, j'obtiens la moyenne de 14,15km/séance.
  3. Sur les 56 jours, j'arrive à 9,6km/jour.
  4. Sur les 8 semaines (marathon compris) :
--> Vitesse : 13,12km/h
--> Allure : 4'36 au km
--> FC : 132


   5.   Par moment de la journée, cela donne :

--> 228km le matin (avant 10 heures)
--> 162km le midi
--> 64km l'AM
--> 83km le soir


   6.  Par jours de la semaine :

--> 38km le lundi
--> 41km le mardi
--> 81km le mercredi
--> 78km le jeudi
--> 19km le vendredi
--> 110km le samedi
--> 170km le dimanche

Au niveau du poids j'ai perdu pile 2kg en 8 semaines de préparation et sans aucun régime si ce n'est de limiter mes apports énergétiques lors du petit-déjeuner (je suis un adepte du giga-méga petit dej...)!.
Il faut dire que la meilleur façon de perdre du poids pour moi est de m'astreindre à des séances qualitatives. Elles sont de véritable coupe-fin et sont 15 000 fois plus efficace que les séances à jeun pépère. Ainsi, il m'est arrivé régulièrement de ne manger que 2 fois par jour (repas de midi qui sautait suite à séance intensive du matin car pas d'appétit. Mais glucide + protéines dans les 10 minutes qui suivent la compétition → fenêtre métabolique.)
 A noter aussi que je prenais un "repas" du matin pré -séance hyper-léger puisque constitué de l'extra crème sport-déjeuner de mister Aroche. Franchement, je la conseille car elle est super-digeste et coute bien moins cher que tous les gatosports industriels.
 Si j'avais gardé ces 2kg, j'aurais à priori réalisé 7 minutes de plus sur mon chrono puisque selon un calcul qui m'est resté en tête et trouvé dans la « littérature », 1kg en plus c'est 5 '' de plus par kilomètre.
 
A quelques jours du Jour J
 A l'origine, j'avais prévu de dormir dans ma voiture mais 4-5 jours avant le jour J, les sites météos français et suisse annoncent du grand frais dans la nuit de samedi à dimanche (entre 0 et 4°). J'opte donc finalement pour la sécurité et je réserve une chambre d'hotel à 10km d'Annecy. Bonne pioche puisque dimanche matin à 7h les pare-brise sont gelés !.

A partir de jeudi je commence mon régime hyper-glucidique avec des pâtes en veux-tu, en-voilà. Il semblerait que cela soit inutile mais par précaution et rituel je prèfère me ranger du côté de la doxa...
En fait, il s'avérerait que l'on  puisse garder une alimentation habituelle sans que cela ne change qui que ce soit dans la performance.
Bah je testerais "les repas normaux" à la veille d'une autre « grande épreuve »...
Mes 2 petites séances de la semaine m'ont réconfortées. Je suis très à l'aise dans mon allure marathon. De plus, toutes les tensions musculaires ont disparues. J'ai à priori récupéré.

Parce que j'ai régulièrement eu auparavant des difficultés à jongler entre la fatigue physique (et mentale) du boulot et celle de l'entrainement. Il est très compliqué musculairement et au niveau du dynamisme d'enchainer 7 heures de boulot à marcher (vite) et à porter/se baisser/se relever avec 30km de course en fin de journée dont 10km à allure marathon. Surtout lorsque la veille on a déjà eu la même « punition. ».
Maintenant, je considère cette « réalité » comme une force. Plus comme une contrainte. Cela me permet d'être beaucoup plus solide mentalement. Cette préfatigue d'avant séance, j'ai appris à la gérer et à l'incorporer dans mes plans d'entrainements. C'est d'ailleurs pour cela qu'il m'est impossible de suivre un plan d'entrainement réalisé par un entraineur et encore moins par les magasines. Les contraintes professionnelles sont trop rarement prises en compte.
Si j'insiste sur ce point c'est parce qu'il m'est arrivé une année d'exploser en plein vol et donc de ne pas avoir su gérer la fatigue.... Cela a été suivit par un dégout de la course à pied, la reprise de la clope (et furieusement...), etc..... 2 années quasiment blanche !...
Pour clore cette « strophe » et en lien avec ce qu j'ai expliqué çi-dessus, je rajouterais qu'il m'est donc très compliqué d'avoir un plan clairement défini et hyper carré. Je navigue plus ou moins à vue avec cependant assez de recul maintenant pour savoir quelle séances programmées en fonction de mes journées de job prévues.

Le départ pour Annecy puis l'arrivée
Arrive samedi 13 heures. L'heure du départ pour Annecy. Je suis prêt. Tout est OK. J'ai choisit de prendre la route la plus « pittoresque ». Elle me fait arpentée les montagnes du Jura, de l'Ain et les premiers contreforts de Haute-Savoie. Cela me permet de me vider la tête dans les ravins profonds qui bordent les routes sinueuses du trajet. J'en prend pleins les yeux et lentement, petit à petit, pas à pas, la sérénité et la plénitude colorent mon esprit et se faufilent par tous les pores de ma peau pour fleurir mon humeur.

J'atterris à l'hôtel en état d'apesanteur. Je pose tranquillement mes affaires dans la chambre et redécolle pour retirer le précieux sésame. Mon numéro de dossard est le 1229. Il me plaît. C'est bête mais je crois que je suis en mode « romanesque », peut-être même « bibliothèque rose ». Je ne touche plus le sol. Incontinence onirique.
Annecy est là. Il fait beau. Je me gare. Les parkings sont remplis à rabord. J'arrive dans le lieu de retrait. En moins de 5 minutes j'ai obtenu le beau numéro dans le cadre blanc. 1229...franchement...quel esthétique numéro. Très féminin.Tout en courbe, en arrondi, en douceur.


Je m'envole à nouveau et vais me poser sur les rives du Lac. C'est magnifique. Le soleil caresse nos têtes. Délicatement, la chaleur nous enserre dans ses bras. Des centaines de personnes sont assises/couchées sur l'herbe. Les filles se dénudent. Les montagnes ornent mon horizon. Mes yeux sont des éponges. Il se referment.
Aussi, si vous vous rendez à Annecy, ne soyez pas étonné de ne plus voir de Lac, de montagnes et de jolies filles. J'ai les prunelles chapardeuses.
Voir Annecy et mourir.
Au propre comme au figuré.
Verdict demain...
Au bout d'une heure d'intemporalité, je décide de suspendre la lévitation, ce qui est somme toute assez compliqué, pour ne pas trop laisser mon esprit s'échapper dans de futiles songeries. J'ai absolument besoin d'un cerveau pour demain et pas d'une fabrique à rêve.
Retour sur terre. Il fait chaud. La sortie d'Annecy est rendue moyennement agréables par la circulation. Normal, il est 18 heures. Bien fait pour ma poire.
De retour à l'hotel, je prend une bonne douche chaude d'environ 24 heures tant elle me fait grand bien.
Et puis, je n'allume même pas la télé mais décide de feuilleter le tout dernier numéro encore-tout-chaud-sorti-du-four de l'excellent magazine Zatopek. Je suis fatigué. Mes yeux commencent à se fermer. Je décide de manger mes pâtes-jambons ensuite, rideau.
9H30 Vincent s'endort.

Le jour J
4 heures du matin...je me réveille. J'ai fait un vrai bon gros dodo. La nuit est encore à ma fenêtre.

Je décide de me lever pour une petite douche. Pas d'eau chaude. L'ultra douche d'hier aurait-elle été fatale à tout l'hotel ?.
Je décide donc de préparer mon système de ravito « élaborer » par mes soins qui consiste à vider 5 tubes de gels énergétiques de 25 grammes chacun dans 2 autres ex-tubes de gels énergétiques de contenance 60 gramme chacun. C'est très amusant comme passe-temps à 4 heures 30 du matin.

Faut juste être très zen.
Ces 2 tubes remplis vont être ensuite placé dans une petite « musette » qui était initialement arrimé à une ceinture Overstims et qui va s'enfiler dans 2 de mes doigts. C'est vraiment pratique durant la course, surtout avec l'ouverture facile des « gros » tubes et donc une absorbtion très « aisée ».

                                               Cliquez sur l'image pour l'agrandir

Ainsi, ma sratégie alimentaire est basée sur le principe suivant : dès que j'aperçois un ravito avec de l'eau, j'avale 2 petite lippée de gel et puis arrivé au ravito je choppe verre/bouteille au vol pour bien m'hydrater et « digérer » le gel. J'ai opté pour cette idée pour plusieurs raisons :

  1. Je ne supporte pas les ceintures autour de la taille quand je gambade.
  2. Les petits tubes de gels ne sont vraiment pas pratiques car lorsque tu en ouvres un tu es obligé de le gober entièrement et ça ne me réussit pas trop au niveau de la « digestion ». Trop de sucre d'un seul coup a tendance à me donner des « remontées amères ».
  3. Les ouvertures sont refermables et je n'ai « qu'a lever le coude » pour avoir accès au gel.
Une « innovation » qui améliore mon confort de course.
Après le marathon, je me suis rendu compte que j'avais du ingurgité 2 gels en tout et pour tout au regard de ce qui restait dans les tubes de 60 grammes. Ce qui est finalement très peu. Ce qui pose véritablement des questions sur l'intérêt d'avaler des sucres durant la course....

D'ailleurs, un article dans le N°17 du magazine Zatopek (encore) en parle. C'est très surprenant et ça va à l'encontre de nombreux principes érigés en dogme. A confirmer !.



Les minutes défilent et à 6h30 je décide de prendre mon petit déjeuner magique : la crème sport déjeuner. A peine 100 grammes pour une digestion ultra rapide et zéro coup de pompes. Franchement, à nouveau, je vous la conseille.
7h. Je rassemble mes affaires et file dans ma voiture. Je suis relax. Les sensations sont bonnes. Le simulacre de début de rhume des 2 jours derniers s'est dissipé (le cerveau est coquin).

Le pare-brise de ma voiture est gelée !. Brrrrrrr...
J'ai pris avec moi 2 maillots manche-courtes et une casquette que je garderais sur moi jusqu'au départ du marathon. Il faudra bien ça.
7h30 je me gare dans un parking. A 500 mètres de la ligne de départ. Les coureurs commencent à affluer. Je me suis préparée une petite boisson d'attente que je sirote du bout des lèvres. Aucun stress. Le soleil sera là. Pas un brin de vent. Tout semble être là pour que le film de la matinée soit formidable.
Je fignole la préparation dans ma voiture. Sparadrap sur les têtons, vaseline entre les jambes...toutes des petites choses qui vous éloignent des grandes détresses...
Le soleil progresse et dompte sa timidité. Je décide donc de sortir de la voiture et entame une petite marche rapide pour me rendre jusqu'au bord du lac. Le commentateur articule ses premières phrases. La sono balance les premières musiques. L'ambiance monte.
A quelques minutes du coup de feu, je me lance dans un petit footing très lent. Il ne durera qu'une quinzaine de minutes. Pas plus. Sans accélération. Je n'ai plus froid. L'animateur nous demande de tous nous rassemblés sur la ligne de départ. Il n'y a pas de sas mais je me place dans les 50-70 premiers mètres. Je suis dans ma bulle. J'y suis entré sans m'en rendre compte. J'enlève mes 2 maillots, la casquette que j'accroche sur les barrières et j'attend...

La course
Le départ est donné. Il me faut bien une dizaine de seconde pour passer la ligne. Durant 2 bornes, je vais virevolter en toute quiétude entre les coureurs.

Les 2 premiers kilomètres sont courus en 8'14, soit 4'07 le km. Pas encore trop loin de mes 4' « minimum syndical ». Les 2 autres kilomètres sont réalisés en 7'40 soit 3'50 au kilomètre. Le 5ème encore en 3'50. Hum hum..... Je décide de vite réfréner mes ardeurs. Les 5 premiers kilomètres ont été courus en 19'45 soit 3'57 au km.
Le premier acte est passé. Pas de gamelle, pas de folie dans l'allure. J'ai réussi à me contenir.

Le premier ravito est aussi à porté de foulées et d'entrée je me gobe 2 lichettes de gel que je fais vite descendre avec un bon verre d'eau. "Là-dessus" (gel+hydratation), je serais « incorruptible » et à chaque arrivée au stand je réaliserai les mêmes gestes.
Il faut maintenant que je parle de l'allure que j'ai décidé d'adopter. Mon objectif est de réaliser 2h49'59. Mais je me suis entrainé à des allures supérieures tout au long de ma préparation. Pas une fois j'ai réalisé de séances à 4' au kilomètre. Toutes mes séances à allure marathon ont été réalisées entre 3'54 et 3'58. Je suis relativement confiant car dans aucune de mes séances qualitatives je n'ai connu d'explosion. Et puis je sais qu'avec 36' au 10 bornes réalisés il y a presque 2 mois et quasi 1,7kg en moins depuis, je peux passer sous les 2h49'59.
Je n'ai donc pas de vitesse ni d'allure déterminée. Juste la fourchette 3'54 (15,4km/h) – 3'58 (15,1km/h) en tête.
Le petit hic est que je n'ai pas paramétré correctement mon capteur de foulée et il me donne donc des vitesse trop basses.
Ca n'est finalement pas trop grave puisque j'ai décidé de réunir 4 données afin de réguler mon allure : le cardio, la ventilation, ma foulée et la vitesse affichée sur le polar (je rajoute, au regard des temps réalisés sur les premiers kilomètres, 0,3km/h). Avec ça je pense être en mesure de jouer la régularité.
Mes pulsations sont relativement hautes pour ces premiers kilomètres (87% de ma FC max) mais je ne m'affole pas. La ventilation est très correcte. Le stress du départ fait monter le coeur mais tout devrait rentrer dans l'ordre. Par contre, j'ai encore un peu de mal à ressentir « la bonne foulée ». Il faudra patienter un petit peu.
Et je ne me laisse pas intimidé par l'épreuve. C'est mon 5ème marathon, j'ai un 100km à mon actif et plusieurs trails supérieurs à 3 heures de courses. J'ai donc maintenant un peu, allé je tente le mot, d'expérience.
Le long peloton est silencieux. Du moins pour ceux qui sont à mes côtés. Nous sommes tous très concentrés.
Déjà, je devine ceux qui ne tiendrons pas le rythme : la respiration est le meilleur témoin. Certains se sont déjà installé dans une légère hyperventilation qui leur sera fatale dans quelques kilomètres.

Le 10ème kilomètre est atteind en 39'16. Mon allure moyenne à augmenter (de 3'57 je suis passé à 3'55.6) mais j'ai envie de faire un gros pipi !. Je me dis que ça va passer.
Régulièrement, je veille à bien détendre mes bras pour éviter les crispations. Et les kilomètres défilent. Je commence à retrouver une foulée déliée. Les jambes se libèrent. Mon corps et mon esprit ne font qu'un maintenant.
L'équilibre me paraît même trop parfait. Durant quelques minutes, le doute m'envahit : est-ce que je ne devrais pas ralentir et me contenter d'un 4' au kilo. afin d'assurer un 2h49'59 ?
Mais je me sens vraiment en harmonie avec moi-même et les conditions météos sont idéales. La température, malgré le soleil, reste fraiche et je ne ressent pas de « chaleur » intérieur.
Ce petit doute enfoui sous cette assurance me permet de calmer tout élan présomptueux.
Je me rend compte que le parcours n'est pas si plat que ça. Il est en fait constitué de 3 faux plats dont le plus long et le plus prononcé mesure tout de même 3km. Et comme c'est un aller-retour, ce que l'on monte on le descendra et vice-versa.

                          Profil du parcours du Marathon d'Annecy (Polar)                               
                                                   (cliquez sur l'image pour l'agrandir)
De temps en temps je quitte ma concentration pour me cramponner au paysage. Magnifique.
Je dois cependant reconnaître que je ne me suis pas souvent attarder sur le décor. Sans doute de peur d'y aller. Dans le décor.
15ème km harponné en 58'53. Ce qui donne 3'55.5 au km depuis le départ. Infime baisse de l'allure moyenne.
Mais moi sur le terrain je suis toujours à « usiner » le même rythme. Je me rend compte que ma FC moyenne a diminuée de 3 à 4. Je me sens vraiment de mieux en mieux. Mais j'ai toujours cette même envie d'aller vider ma vessie. Je me dis que je ne pourrais pas tenir ainsi jusqu'à l'arrivée.
A vrai dire, je n'ai finalement pas grand chose à dire jusqu'au kilomètre 28 !.
Enfin si. Je commence à me sentir de plus en plus « infaillible ». Cette sensation est développé par ma capacité à maintenir avec une insolente facilité mon allure dans le long faux-plat de 3 bornes. D'ailleurs mes pulsations s'élèvent à peine.
Le 20ème est épinglé en 1h18'22. L'allure moyenne a de nouveau augmenté (3'55.1).
Le semi est agrafé en 1h22'47 et je continue à répéter machinalement mon protocole alimentaire pré-ravito.
Nous avons fait demi-tour et nous commencons à croiser les coureurs de « l'aller ». Toujours pas ou peu de vent. Une petite alerte physique me donne un coup d'angoisse. J'ai un début de point côté gauche. Je détend vite mon bras gauche et reste ainsi durant une centaine de mètre en essayant de souffler à peine plus profondément.
Physiquement tout va bien. Pas d'ampoules qui se dessinent aux pieds. De toute façon je n'ai jamais été sujet à ce genre de désagrément.
Le 25ème km est accosté en 1h37'48. Mon allure à connue une bonne poussée : 3'54.7 de moyenne maintenant. C'est normal puisque je viens d'en terminer avec le long faux-plat de 3km que nous « escaladions » il y a à peine quelques minutes et que nous venons de descendre. Je me suis même permis de réaliser par 2 fois 1km en 3'47 et cela sans forcer.
J'hésite un instant à m'arrêter pour satisfaire le besoin naturel qui me taraude depuis le 10ème km. Mais je me dis que je risque peut-être de casser un rythme maintenant bien établi.
Au 28ème (si mes souvenirs sont exacts) j'arrive près du stand de ravito quand soudain ma course à faillit « basculer ». Je manque de me casser la figure en posant mon pied sur une bouteille au sol.
Plus de peur que de mal. J'arrive à rétablir la situation et repart juste avec une minuscule frayeur. Cette histoire à eu une conséquence positive : je n'ai plus envie de pisser.
Je commence aussi à légèrement gamberger. Le 30ème arrive. Le chiffre qui fait un peu, beaucoup, passionnément, à la folie frémir tout marathonien.


En même temps j'ai presque une confiance inébranlable en moi maintenant. Les jambes sont encore dynamiques, aucun signe de « détresse respiratoire » et mon rytme cardiaque dépasse à peine les 87% de ma FC Max.
En même temps, je sais que le mur ne prévient pas. Il ne vient pas frapper à ta porte et te dire : « bon, je t'attend au km 34 ! ». Non ! Non !.Il vient soudainement alors qu'il y a encore quelques minutes tu zyeutais innocemment la belle brune sur le bord de la route, au top jaune et au short bleu.
Tiens ! Le voilà justement le 30 ème rugissant...1h57'28. 3'54.9 de moyenne générale. Une légère petite baisse....
La météo est encore empathique. Il reste maintenant 12km à couvrir et je fais un nouveau retour sur moi-même et mes sensations. J'ai les jambes à peine plus algique mais rien d'affolant. Le mental peut facilement supporter ça. Parce que je sais que maintenant je vais devoir faire appel à cette « force » là pour pallier les éventuelles déficiences physiologiques. Suis-je un battant aujourd'hui, un guerrier ou un être friable ???. Je me sent très solide mais je suis maintenant totalement sur mes gardes prêt à prendre à tout moment la Muraille de Chine sur le pif.
Je suis moins fringuant maintenant alors qu'arrive les 35 bornes. Je ferais certainement maintenant moins attention si une petite brunette en short bleu et en top jaune se trouvait sur le bord de la route.

Même si elle enlevait le top.
Je tourne maintenant en 3'56 environ. Je faiblis quelque peu et mon allure générale moyenne « tombe » à 3'55.1 de moyenne. Le 35 ème kilomètre est empoigner en 2h17'11. Le premier est arrivé depuis 6 minutes.......
Les cuisses deviennent « grinçantes ». Le souffle est encore très correct et les pulsations toujours aussi basses. Le mental prend maintenant la place que le physique peine à garder. L'équilibre intérieur est donc conserver.
En 7km mon objectif de 2h49'59 ne peut plus maintenant m'échapper. Non, ça n'est pas possible. Sauf si la fin du monde est avancé aux minutes qui suivent.
Le 36ème km est couvert en 3'59.4
Le 37ème km en 3'58.6
Le 38ème en 3'58.5
Mais je continue à doubler des concurrents et, même si cela est un peu « tordu », cela me motive de les dépasser aussi vite. Je n'ose pas glisser un « courage !!! » ou un « allez accroche toi !!! » tant cela serais, je crois, déplacé et malvenu. J'ai vraiment mal aux jambes maintenant.
Mais le public est de plus en plus nombreux au fur et à mesure que l'on se rapproche de la ligne d'arrivée. Notre prénom est écrit sur le dossard et les spectateurs scandent des « allez Vincent ! » ou des « Vincent ! » répétés plusieurs fois. Comme je suis tout seul ils ont donc tout loisir de crier mon prénom. Cet égotisme me fait un bien fou.
 Je suis Haile Gebrselassié.
Le 39ème est couvert en 4' pile.
Le 40ème en 4'06.8. Cela devient laborieux mais je me dis que je n'ai pas le droit de flancher à 2 bornes de l'arrivée. Surtout que maintenant le public est omniprésent et hurle des « Vincent ! » en veux-tu en voilà. Ca me transcende. Je sens un regain d'énergie m'envahir et je demande aux spectateurs,en faisant régulièrement de grand geste avec mes bras, de crier encore plus fort !.
Je veux terminer comme un dragon.
Le 41ème je le dévore en 3'59.7
Le dernier kilomètre est très agressif physiquement puisqu'il est parcouru de virages « secs » qui demande une mobilisation musculaire dont je ne dispose plus du tout. Comme c'est difficile de relancer. Mais le public que je motive et qui me motive me donne ce surplus de force qui me permet de faire le 42 ème kilomètre en 4'01.5 !!!.
Les derniers 200 mètres je les savoure en fermant les yeux, en sprintant et en écoutant religieusement les centaines de personnes qui m'innonde d'encouragement !.
Je franchis la ligne. Je regarde vite mon chrono : 2h46.04.
Juste devant moi la 3ème féminine (kenyanne il me semble) s'écroule. Perte de connaissance. C'est compréhensible lorsque l'on regarde ses chronos. Au semi : 1h16'03 Temps final : 2h45'53.




Je n'en reviens pas. Même dans mes rêves les plus fous, je me voyais juste taquiner mon record. Mais pas le brûler ainsi.
Je suis submerger d'émotions. Je voudrais prendre un par un dans mes bras les spectateurs qui ont crié mon prénom.
Super public !!!
La course terminée, je remercie chaleureusement les bénévoles qui me tendent mon ravito. Et puis je file dans ma voiture me laver un coup et me changer car j'ai prévu de filmer l'arrivée de Zepp (ADDMISTE de l'Ultra Forum de Bruno Heubi)
Hum hum...problème : je me rend compte que j'ai laissé le papier sur lequel était écrit le numéro de dossard de Zepp, à la maison.
C'est comme ça !
Les animateurs sont déjà en train de « faire » les podiums. Je filme les champions. Kényans-Ethiopiens bien sur.
Et puis plus tard, dans l'après-midi, je filmerais le départ et l'arrivée du semi-marathon. Encore une histoire d'Africains de l'est. Ils sont toujours autant élégant dans l'effort. Même en fin de course.
A la maison je découvre que je suis même passé sous les 2h46'.
2H45'53
Je suis comblé. Vraiment heureux. Ca n'est qu'un chiffre, je sais, mais il est le résultat d'un plan d'entrainement personnel qui se voit validé par le terrain. Tout ça dans un cadre magnifique, avec une organisation,des bénévoles et un public formidable !.

What else ?

5 commentaires:

  1. super cr, vraiment intéressant et instructif à lire
    tu marches 7h (vite ^^) par jour ? on comprend pourquoi tu n'as pas forcément besoin d'une séance "allure 1" :p
    et évidement, quel temps, respect

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  2. vincent,
    merci d'avoir couché sur "papier" ta très belle histoire. sache qu'il existe des entraîneurs qui tiennent compte du travail et des horaires de leurs athlètes. C'est en fait une des clés de l'entraînement: tenir compte de l'environnement de l'entraîné. Vous n'êtes pas des machines, vos familles, votre job, comptent énormément dans vos performances.
    Bravo, pour ta course et pour ta plume.
    Attention à bien récupérer.

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  3. @Girith,
    Bé on va dire "presque". Disons que je suis toujours en mouvement 7h/7h30. Je suis aide-soignant dans une maison de retraite en unité Alzheimer...
    Patience et mouvement...

    @Charlie,
    Tu as raison Charlie ! Je ne faisais pas une généralisation;-). Ce que je n'explique pas dans mon CR c'est qu'en fait je m'éclate à réaliser moi-même mes plans d'entrainement. C'est une vraie passion. Et comme depuis des années je consigne toutes me séances j'arrive à avoir le recul suffisant pour éviter de trop me planter.(normalement hein !...peut-être pas à tous les coups ! Je n'ai pas cette prétention là ! ;-) ))
    Je suis très très loin de maitriser tous les concepts de la physiologie sportive mais j'arrive à saisir les principes essentiels et à mélanger ça à de "l'empirisme".
    En fait j'ai aussi et surtout un immense besoin de sentir que je maitrise tout de A à Z. Avec un entraineur j'aurais l'impression d'être déssaisi de mon entrainement et donc de me sentir moins impliqué. De plus "subir" aussi.
    J'ai l'idée (peut-être fausse) que je serais moins curieux, moins à la recherche d'idées nouvelles, plus coincé dans un ronron "sportif". Moins "responsable" quoi.
    Et puis "de me sentir un peu obligé de...".
    "Connais toi toi même" serais un peu ma ligne directrice même si, et j'en ai bien conscience, cette ligne peut aller parfois en zig-zag.
    En tout cas, je vais toujours avec un grand plaisir sur ton blog. Il fait parti de ceux qui me permettent d'avancer, de progresser. Si SI !. Et puis ce voyage en Ethiopie m'a permis de rêver...
    @+ et merci
    PS : pour la récup. je suis de toute façon obligé d'être "statique". Je n'ai pas de blessure mais j'ai encore de bonnes tensions musculaires et autres raideurs. Le sport porté (VTT-Elliptique et roller) est mon ami cette semaine.

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  4. Bravo pour ton compte-rendu et pour ton chrono ! Ravi que mes préparations t'aient aidé à atteindre ton objectif !

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  5. Salut Ludo,

    Merci !. Mais c'est vrai que tes d'entrainements pour les marathons ont été un "modèle" pour moi. Tu t'entraines quasi exclusivement à 80% de VMA ou au-dessus et ça fait mouche à chaque fois.
    Donc ton approche a servi de base "méthodique" pour moi.
    En tout cas chapeau à toi et bon courage pour le Mont-Saint Michel !
    @+

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